Démarche

Le projet L’aut’bord du mur origine d’une prise de conscience associée au développement des médias sociaux et à leurs impacts sur le débat public et les nouvelles méthodes de socialisation. Les médias sociaux semblent effectivement favoriser ce qu’on pourrait appeler un « effet de bulle » auprès des utilisateurs, car les algorithmes qui génèrent le contenu de ces médias favorisent le référencement de publications qui nous plaisent, qui nous confortent dans nos certitudes1. Plusieurs publications ont soulevé le fait que les médias sociaux ont pu contribuer à la prolifération des « fausses nouvelles » — à l’ère post-factuelle? — puisque ne font pas de distinctions entre les sources dignes de mention et celles pour le moins douteuses.

Sur plusieurs médias sociaux, on remarque également que les points de vue polarisants ont plus de chance de susciter des réactions, donc de gagner en visibilité. En y ajoutant le fait que nos fréquentations du Web ont plus de chances d’être en accord avec nous qu’en désaccord, on comprend pourquoi certains accusent Facebook, Twitter et les autres médias sociaux d’encourager une forme de repli intellectuel, un isolement dans une bulle consensuelle.

Ces divers travers favorisent l’érosion de la démocratie : les références communes s’étiolent, le débat public s’appauvrit, les propos nuancés sont marginalisés, les points de vue opposés sont isolés les uns par rapport aux autres. Il n’y a alors plus de rencontres. Plus de dialogues. L’autre m’est indifférent ou adversaire…

Ce projet, piloté par Jean-Félix Chénier, professeur de science politique au Collège, a entre autres pour but de décloisonner les solitudes ou mieux encore, de tisser des liens entre les membres des différents services du Collège, de même qu’entre les différentes couches de la diversité de notre population étudiante.

M. Chénier est convaincu que l’un des meilleurs moyens pour lutter contre le repli sur soi qu’impliquent toutes les considérations ci-haut mentionnées, c’est de recourir aux arts : la musique, la littérature, les arts visuels sont mieux à même de susciter des rapprochements imprévus.

Programmation Automne 2017

  • L’artiste en résidence qui a appuyé le projet dans la réalisation des vidéos était Luis Bertrand (voir certaines de ses réalisations ICI et ICI).

Programmation Hiver 2018

Le projet s’appuiera plus directement sur les étudiants, tant pour réaliser certaines « interventions » que pour « subir » celles-ci… On veut surprendre, sortir les gens de leur zone de confort, sans les brusquer bien sûr. Toujours pour susciter des rencontres improbables, hors de celles favorisées par les algorithmes…

  • Jeudi 12 avril 2018 de 12 h à 14 h à la salle Sylvain-Lelièvre : Conférence de Philippe de Grosbois
    L’auteur du livre Les batailles d’Internet apportera un éclairage important sur le réseau des réseaux, son histoire, son fonctionnement, ses rapports de force qui l’ont construit, mais aussi pour penser un autre Internet, puisque la bataille pour un Internet libre et démocratique n’est pas terminée!

Extraits du livre : « Les batailles politiques et économiques qui prennent place sur Internet ne sont pas isolées de celles qui se déploient dans d’autres sphères de la société. Nos données ne sont pas stockées sur un nuage; elles se trouvent sur un serveur, lui-même logé sur un territoire d’un État. Au fil de ce livre, j’espère démontrer que la distinction entre le monde “réel” et l’univers “virtuel” d’Internet est largement contre-productive, sur le plan analytique aussi bien que politique. Refuser cette distinction, c’est reconnaître qu’à travers Internet, ce sont les sociétés et leurs membres qui sont les véritables cibles de contrôle. La riposte étatique et commerciale à l’encontre de la culture collaborative et militante présente sur Internet peut être comprise comme une facette de la dérive autoritaire que connaissent les sociétés occidentales. » – Philippe de Grosbois, Les batailles d’Internet, Mtl, Écosociété, 2018, p. 171.

1  Si on a cliqué «J’aime» à une publication d’un ami, celui-ci a plus de chance d’apparaitre sur notre mur… L’inverse est aussi vrai, quelqu’un qui a «aimé» une de nos publications sera plus susceptible de voir à nouveau nos publications futures sur son propre mur. Le sociologue Zygmunt Bauman appelle «chambre d’echo» l’effet favorisé par les médias sociaux. Voir : «Social media are a trap», El Pais, 25 janvier 2016, http://elpais.com/elpais/2016/01/19/inenglish/1453208692_424660.html